
Nicolas Navarro, parlez-nous un peu de ce 30 km chronométré auquel vous vous êtes livré, à la demande de la direction technique nationale…
C’était dimanche, sur un parcours tout plat, tracé par Jean-Claude Vollmer dans les grandes lignes droites de la forêt de Sénart. On a eu un peu peur au cours la semaine précédente, en raison de la météo annoncée. Le matin même, il y avait un peu de vent, mais finalement, avec la forêt et le fait de pouvoir courir derrière un vélo, j’ai pu m’abriter quand il y avait un peu de vent de face. On avait prévu de partir sur des bases de 3’05’’ au kilo, et dans l’ensemble, j’ai bien respecté le plan, donc globalement, ça s’est bien passé.
Dans quel état d’esprit aviez-vous abordé cette échéance ?
Clairement, c’est un peu bizarre de se dire, non pas qu’on joue sa place aux Jeux, mais qu’on peut perdre une sélection olympique sur ce format, où on est seul face au chrono : il n’y a pas d’adversaires ni même d’arche d’arrivée ou de ligne de départ collective. Tu es au point de départ, et tu t’élances quand tu veux, c’est assez particulier, quand on sait qu’il y a les Jeux au bout… Maintenant, c’est fait, et je peux me projeter sereinement sur Tokyo.
Comment aviez-vous intégré ce point de passage dans votre agenda ?
On nous avait laissé une fenêtre d’un mois et demi pour passer le test (NDLR : entre le 3 avril et le 30 mai), donc j’ai choisi de le faire mi-mai. Il fallait quand même le préparer, parce que 30 bornes, ça reste assez long, sans pour autant prévoir un pic de forme, parce que les Jeux vont arriver dans pas si longtemps. On a donc attaqué la préparation il y a un mois et demi, juste avant de partir en stage à La Réunion.
Nicolas Navarro comment voyez-vous les choses pour les semaines à venir ?
Je m’alignerai sur un semi-marathon en Autriche dans deux semaines, parce que ce serait vraiment trop long de ne disputer aucune compétition d’ici les Jeux olympiques. J’ai besoin de retrouver des repères sur ma forme et mon mental, et de la confrontation. On se fait toujours un peu plus mal en compétition. Ensuite, j’envisage un stage à Font-Romeu en juin-juillet, mais j’aimerais surtout ne pas être tout seul à partir. Je vais voir si les autres sélectionnés ont ce genre de projet, ou trouver quelqu’un d’autre pour m’accompagner.
Vos camarades marcheurs se préparent aux conditions climatiques particulières du Japon lors de stages en chambre humide au Portugal…
L’encadrement de la Fédération nous l’avait conseillé, mais la plus proche de chez moi est au Creps de Montpellier. Cela faisait beaucoup de logistique, donc personnellement, je n’y aurai pas recours. J’ai quand même pu tester les conditions chaudes et humides en partant en stage à La Réunion, même s’il y faisait plus chaud qu’il ne fera à Sapporo. Cela permet d’avoir un aperçu de comment le corps s’habitue. C’était la première fois que je partais en conditions humides, il m’a fallu un petit temps d’adaptation. C’est bon à savoir pour le Japon. Je ne serai pas inquiet en arrivant sur place quelques jours avant l’échéance si jamais mes sensations ne sont pas bonnes. De toutes façons, l’allure du marathon en lui-même ne sera sans doute pas la même que d’habitude.
Savez-vous déjà comment vous serez chaussé sur la ligne de départ ?
Maintenant que les choses ont été réglementées et clarifiées au niveau international, je sais que le modèle que je vais utiliser est autorisé. Je n’aurai donc pas de surprise, d’autant que je n’ai pas l’intention de tenter quelque chose de nouveau le jour de la course. Je préfère jouer la sécurité, dans les règles.
Que représentent les Jeux olympiques, compte tenu de votre parcours en dehors des circuits de haut niveau ?
C’est vraiment un rêve ! Là, ce sera une expérience particulière, parce que nous, les marcheurs et marathoniens, on sera délocalisés à Sapporo, mais ce sera certainement quelque chose de dingue ! Plus ça va arriver, plus il y aura d’émotions et de pression, il faudra gérer tout ça.
Vous souvenez-vous du précédent marathon olympique, il y a cinq ans à Rio ?
J’ai dû le regarder depuis chez moi à Aix-en-Provence. Je n’avais absolument pas du tout l’idée que la prochaine fois, ce serait avec moi ! En plus, il n’y avait pas de Français ce jour-là, alors ça me paraissait vraiment loin. Cette année, on sera trois, et ce sera plus simple, on pourra se soutenir, pendant les moments d’attente, dans les derniers jours avant l’épreuve, surtout si on se retrouve confinés ou en quarantaine…
Merci Nicolas Navarro
La rédaction / Article site web FFA